Le congrès de Saint-Alban de 2017 pose la question de la possibilité d’une institution sans transfert.
Cette question de la prise en charge du transfert dans l’institution est capitale. Les itinéraires pour traiter cette question sont multiples. Toutes sortes de lois, logiques, discours permettent des grilles de lecture.
Le transfert comme outil thérapeutique ? Base de toute psychothérapie ? Soins et institutions : vous avez dit psychothérapie ? Psychothérapie adaptative ou subjectivante ? La psychiatrie dans la cité…étayage social et / ou approche thérapeutique ?
Quel que soit l’objectif, l’accompagnement de la personne psychotique, dans toutes ses tentatives de reconstruction, est nécessaire tant culture, création et souffrance dans l’existence psychotique sont indissociables.
Que deviennent les institutions à l’épreuve du temps… ? Ruptures et contacts rythment la vie des institutions, comme la vie des personnes en souffrance psychologique. Comment faire trace, histoire, dans ces conditions. L’écriture est une possibilité. Écrire…Histoire et institution, voilà un projet thérapeutique. Projet thérapeutique qui aborde le malade comme une personne et non une addition des symptômes, sinon on tombe dans la barbarie. Psychiatrie et barbarie : pour une clinique de l’humain.
La clinique de l’humain, voilà notre boussole, avec l’hospitalité comme fondement essentiel dans l’accueil de l’autre quel qu’il soit. Si l’accueil de l’autre nécessite un engagement personnel, seule une équipe peut offrir un espace-temps thérapeutique en institution. Les espaces du rêve et temps de l’action dans le travail d’équipe font partie de la boîte à outils de la Psychothérapie Institutionnelle. N’oublions pas la main qui tient l’outil et si pour avancer, il faut savoir parfois résister, sur cette question des Résistances – Hommage à Horace Torrubia.
La psychiatrie bouge, bonne nouvelle ?
En effet, si le mouvement de psychothérapie Institutionnelle se veut porteur de changement, on doit s’interroger sur la nature de ce remue-ménage en psychiatrie, changement ou liquidation ?
L’histoire nous le dira.
L’histoire nous éclairera également sur le devenir du travail institutionnel et de la pensée clinique dans le contexte actuel. Histoire et fonctions soignantes toujours à redéfinir seront également bien utiles pour réfléchir à la comptabilité pour une psychiatrie humaniste de psychopathologie et anonymat
dans le champ psychiatrique. Anonymat, déshumanisation, rappelons F. TOSQUELLES, « à nier la dimension humaine de la folie, c’est l’homme même qui disparaît ». Cette citation souligne la pertinence de la psychothérapie institutionnelle… Le retour est donc salutaire ! Avec les outils du 21ème siècle ! Tout en gardant la créativité et le questionnement permanent !
Articulons illusions et thérapeutique.
La Psychothérapie Institutionnelle. Pourquoi, où, comment ?
À un moment où les mots ne veulent plus rien dire, porteurs d’une polysémie facilitant un consensus mou trompeur et pathogène, il est plus qu’urgent de résister dans le langage. Rien à voir entre management « moderne » et organisation d’un dispositif de soins ! Résister nous dit la Psychothérapie Institutionnelle : « management »… Résister pour soigner. Soigner l’hôpital, actualité criante tant la souffrance est évoquée dans les équipes.
Un autre outil particulièrement fondamental et utile nous est apporté par la Psychothérapie Institutionnelle, l’articulation aliénation sociale / aliénation mentale. La psychothérapie Institutionnelle souffrances croisées dans les lieux de soins en psychiatrie, quand l’aliénation mentale potentialise l’aliénation sociale il est bien utile de réfléchir avec cette grille de lecture.
Et demain … la psychiatrie.
La psychothérapie institutionnelle, c’est la psychiatrie disait Alain BUZARE.
Donc, ça continue… De l’actualité de la Psychothérapie Institutionnelle, nul ne doute ! Rêve de psychiatrie, psychiatrie rêvée ? Référence à la poésie pour favoriser son imagination et son inventivité, s’il vous plait…
Dessine-moi… la psychiatrie !
Une fois dessinée, cette psychiatrie rêvée, il va falloir faire des changements tellement elle est éloignée de celle que nous vivons au quotidien. Où sont les lieux de changements : quels espaces pour le travail clinique et psychothérapeutique dans la psychiatrie du 21ème siècle ? Que va-t-on y faire dans ces lieux ? Quelles formations dans la psychiatrie contemporaine… Autrement que savoir appliquer un protocole. Et quelle équipe constituer ? Une équipe suffisamment bonne… Bien sûr ! Une équipe où l’autre existe ! Bien difficile dans un moment sociétal où l’autre est nié, ou quand il existe, il est vécu comme un concurrent dangereux à éliminer, un étranger à exclure.
Pourtant l’Un est l’Autre. Altérité et soins sont indissociables. Les soignants du 21ème siècle ont du souci à se faire sur la psychiatrie qu’ils pratiquent. Mais bien traités, ils pourront être bien traitants et on revient à la Psychothérapie Institutionnelle dont le souci des soignants… Est un des fondements.
L’avenir peut alors s’éclaircir, car à l’AMPI, la force est en nous et forte de la pertinence du mouvement de psychothérapie institutionnelle, l’AMPI contre-attaque.
Dr Alain ABRIEU
Ex-président de l’AMPI